Sommaire Contexte

LE MOYEN ÂGE. XiiIe-Xve siècles

 

 

Les Landes entre les pouvoirs concurrents des rois d'Angleterre et de

   France

L'église dans la tourmente

 

 

Les Landes entre les pouvoirs concurrents des rois d’Angleterre et de France

Le mariage en 1152 de la duchesse Aliénor, répudiée par Louis VII de France, avec Henri, comte d’Anjou, avait rattaché l’Aquitaine et la Gascogne, et donc les Landes, aux états Plantagenêts. Mais ces terres situées aux extrémités du vaste empire ainsi constitué allaient se trouver encore plus franchement marginalisées par l’élévation du jeune comte à la tête du royaume d’Angleterre en 1154.

Pendant un demi-siècle, la nouvelle dynastie semble s’être peu intéressée à la Gascogne, dans laquelle elle ne se manifestait que par de brèves interventions. Mais la montée de l’hostilité manifestée à son égard par le roi de France, son suzerain pour ces terres continentales et qui aspirait à en prendre seul le contrôle, conduisit en 1203 le roi Jean sans Terre à demander l’appui de tous ses barons et fidèles sujets de Gascogne et du Périgord. Cet appel venait trop tard : dès l’année suivante, Jean dut s’enfuir en Angleterre et ses possessions sur le continent passèrent au pouvoir de Philippe Auguste, à la seule exception du Bordelais et de la Gascogne, revendiqués par le roi Alphonse III de Castille, et qui demeurèrent en réalité liés à la couronne anglaise.

Du fait de cette amputation de toutes les terres situées au nord du cours de la Charente, les Landes se trouvèrent alors dans une position centrale dans le duché d’Aquitaine, et elles durent donc jouer un rôle important dans les conflits qui, jusqu’au milieu du xve siècle, n’allaient cesser d’opposer le duc au roi de France. Pourtant, si les années 1216-1337, de l’avènement d’Henri III aux débuts de la Guerre de Cent Ans, ont été une époque d’agitation, de troubles et d’insécurité endémiques, les phases aiguës d’hostilités ont été assez limitées pour n’avoir pas eu de trop graves conséquences sur l’avenir de la région : à la période de développement démographique et économique qu’avait connue le duché au cours des décennies précédentes allait succéder un temps de structuration et d’organisation dans les domaines les plus divers, administratifs, judiciaires ou financiers.

 

Mont-de-Marsan et ses remparts. Dessin de Du Viert

 

Dans le même temps, des habitats nouveaux sont créés de part et d’autre de la frontière mouvante. En effet, pour asseoir leur domination politique et militaire, les rois de France et d'Angleterre ont entrepris, surtout vers la fin du xiiie siècle et les premières décennies du xive, de créer d'innombrables villes neuves et bastides à travers tout le duché, mais surtout dans une frange du pays landais par ailleurs désolée par la guerre. Si, pour se mettre à l'abri, quelques villes peuvent s'entourer de remparts, dans les campagnes en revanche, l'absence d'abris sûrs oblige les paysans à se réfugier dans les églises dotées très précocement de dispositifs défensifs sans cesse plus importants et plus complexes.

L’action de réorganisation voulue par le roi-duc et menée par ses représentants n’a pu parvenir à des résultats significatifs que grâce au relatif apaisement imposé par quelques interventions énergiques ; mais elle faillit être anéantie par une crise très grave connue sous le nom de Guerre de Guyenne. Tout commença par la décision prise en 1294 par la cour de France de confisquer le duché alors détenu par le roi édouard Ier : plus de dix années de combats et de négociations allaient être nécessaires à ce dernier pour conserver ou reconquérir ses possessions. La première phase du conflit, de 1294 à 1296, allait s’avérer d’une particulière gravité pour les pays landais, par les ravages et les destructions dont bien des édifices ont conservé les traces. Ces malheurs étaient toutefois sans commune mesure avec ceux que la Gascogne allait connaître au cours du siècle suivant dans ce que l’on a pu nommer la Guerre de Cent Ans.

 

Tartas et ses remparts. Dessin de Du Viert

 

La rivalité latente entre le roi de France et le roi-duc avait soudain atteint un degré critique à partir de 1337. Le conflit qui éclata alors et qui allait se prolonger jusqu’en 1453 fut d’autant plus violent et souvent d’autant plus confus qu’il était compliqué par la situation politique très singulière dans laquelle se trouvaient à cette époque la Gascogne, et en particulier le pays landais. Les « Lannes » étaient en effet alors partagées en trois grands ensembles : une partie, comprenant surtout les circonscriptions de Gosse, de Seignanx, de Dax, de Saint-Sever, de Brassenx..., était placée sous l’autorité directe du roi-duc ; les vicomtés de Marsan et de Gabardan appartenaient au comte de Foix et vicomte de Béarn ; d’autres dépendaient de divers seigneurs de haut lignage. Une telle imbrication des possessions, l’imprécision de certaines limites, et surtout l’opposition des intérêts et la tentation de profiter des désordres et des surenchères pour agrandir les domaines ont entraîné de nombreux changements d’alliances, ralliements ou trahisons, et donc suscité ou aggravé les conflits entre les zones d’influence des deux souverains.

 

 

Châteaux landais d'appartenance diverse en 1327

 

Les exactions, les destructions, les pillages commis par les troupes de l’un et l’autre bord, mais aussi par des bandes mal contrôlées ont entraîné un appauvrissement général, dont les conséquences ont été des phases de famine larvée et des poussées d’épidémies, dont la plus grave fut la Grande peste apparue en 1348.

Pour les Landes, les années 1371-1374 ont été particulièrement cruciales, du fait de la rivalité qui, à l’intérieur du conflit général, opposait les Armagnac, liés aux Albret, et le vicomte de Béarn, Gaston Fébus. Mais ce sont les dernières décennies de la Guerre qui ont été à la fois les plus confuses et les plus lourdes pour la population. Durant cette période, les attaques des troupes françaises se succèdent et se font de plus en plus efficaces, en dépit de reprises en main réussies par les forces du roi-duc et de la fidélité conservée à ce dernier par une majorité de Landais, mais avec une multiplication des changements de camp, des trahisons et des ruptures, jusqu’à l’offensive de 1451-1453, qui livra définitivement la région au pouvoir du roi de France.


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 Date de dernière mise à jour : 08/10/17