Benoît Cursente, Directeur de Recherche au CNRS, Directeur de l'UMR 5136, Toulouse-Le Mirail.
 

 

L’image des laïcs dans le Livre rouge

 

Document ecclésiastique, le Livre rouge fait sortir de l’ombre des pans considérables de la société des laïcs du pays de Dax à une époque que l’on croyait inaccessible au regard des historiens. L’exploitation complète de ces riches données, qui nécessitera de longues recherches, pose quelques problèmes d’interprétation.

La société des laïcs n’apparaît qu’au travers des actions qui mettent certains de ses membres en contact avec le chapitre. Doivent donc être analysées, dans la logique propre au document, les différentes postures dans lesquelles les laïcs apparaissent. Le cartulaire conserve la mémoire de l’intense économie d’échanges, incluant biens terrestres et bienfaits célestes, dont le chapitre constitue un organisme de régulation privilégié au bénéfice des familles dominantes de la cité de Dax et de son " pays ".

Qui sont ces personnages ? Le cartulaire recèle un trésor inédit de noms propres qu’il conviendra d’exploiter méthodiquement, de même que devront être restitués tous les tronçons de chaînages généalogiques qu’il contient. On note que, si la place des clercs dans l’institution ecclésiastique est soigneusement déterminée, les laïcs qui apparaissent ne sont que rarement accompagnés d’une indication de statut ou de titulature permettant de les situer dans la société. On trouve d’un côté une poignée de chevaliers (milites) et de citoyens de Dax, de l’autre côté une palette de désignations se rapportant au monde paysan, et dans l’intervalle, une masse de personnages de statut indéterminé. Est en fait concerné tout le groupe dominant de la société qui, outre l’aristocratie militarisée apparentée aux lignages comtaux ou vicomtaux, comporte l’ensemble des notables des villages. Et ce groupe semble d’une grande porosité avec les élites paysannes à quoi correspondent les " pagès ", liés à des unités de service (le " casal ").

Cette société dans son ensemble bénéficie d’une longue période de croissance qui se marque dans les transformations du paysage. Spectaculaire est la multiplication des vergers de pommiers, omniprésents, qui font l’objet d’une véritable spéculation. Et c’est aussi le temps des grands défrichements et des villages qui, en s’équipant d’une enceinte collective, se muent eux-mêmes en " château " (castrum). La dynamique de la société landaise n’a rien à envier à celle que connaît alors le reste de l’Europe.

Cette société a aussi ses particularités. On retient surtout celle qu’elle partage avec les régions de l’Adour, pour ce qui est des dîmes, partiellement récupérées par l’institution ecclésiale, mais largement encore détenues par des maisons de laïcs que l’on appelle " abbayes " (abbadies).

 

 

 

SOMMAIRE du Colloque

 

LE LIVRE ROUGE

Présentation du Livre rouge de la cathédrale de Dax -  Georges PON
Entre la règle et le siècle : les chanoines de Dax -  Fabrice Ryckebusch
Le statut de paix et la trêve de Dieu dans le Livre rouge -
 Frédéric Boutoulle,
Perception et structuration de l’espace d’après le Livre rouge Jean-Bernard Marquette
L’onomastique basque dans le Livre rouge Jean-Baptiste Orpustan