Jean-Baptiste Orpustan, Professeur des Universités honoraire (Bordeaux III).
 

 

L’onomastique basque dans le Livre rouge

 

L’onomastique basque, dans le cadre de l’histoire de la langue euscarienne en général et de son passé en Aquitaine aussi bien restée bascophone que latinisée, trouve dans le Cartulaire ou Livre rouge de Dax une source importante d’informations. Ceci tient d’abord à l’ancienneté des citations pour les paroisses, leurs noms et leurs vocables, et à leur abondance, en particulier pour les terres ou vallées de Mixe et Ostabarret passées au royaume de Navarre à la fin du xiie siècle, sans pour autant quitter le rattachement ecclésiastique à Dax jusqu’à la Révolution.

Mais l’intérêt du texte pour l’onomastique basque ne s’arrête pas à ce qu’on nomme très approximativement la " frontière linguistique " : bien des lieux de l’espace dacquois, ou landais ou aquitain, exceptionnellement même quelques rares anthroponymes ont gardé, sous des altérations diverses, des noms qui renvoient à l’époque linguistiquement pré-latine ou pré-romane, et des textes aussi anciens peuvent aider à les comprendre. Dans cette perspective, on peut considérer les points suivants :

1) l’ancienneté des citations comparée à celle qui était jusqu’à présent connue, souvent postérieure de deux ou trois siècles, et l’apparition de noms basques à ce jours inconnus, qui sont expliqués ;

2) le traitement linguistique des noms basques dans le texte latin, et aussi dans l’usage roman des xie-xiie siècles qui sous-tend tout le cartulaire et parfois même émerge, soit par des traductions, soit dans le traitement phonétique des noms ;

3) un commentaire rapide d’un certain nombre de toponymes étrangers aux territoires bascophones actuels, parfois même assez éloignés, mais qui ont à voir avec la langue basque soit dans leur origine ou étymologie, soit à titre de comparaison avec les noms connus de la toponymie basque ;

4) enfin quelques anthroponymes sont considérés dans la même perspective.

De l’ensemble de ces traits, il ressort que, même si le temps du contact du latin ou du " bas-latin " (ou à plus forte raison du gaulois dans certains secteurs) avec la langue locale ancienne, pour l’espace devenu roman, est déjà fort loin, l’époque médiévale semble laisser voir encore quelques pratiques ponctuelles de bilinguisme dans l’administration épiscopale ou dans les usages communs. Quant à l’ancienneté des noms de lieux basques, et à leur permanence à travers les siècles, le cartulaire vient, si besoin était, la confirmer encore.

 

 

 

SOMMAIRE du Colloque

 

LE LIVRE ROUGE

Présentation du Livre rouge de la cathédrale de Dax -  Georges PON
Entre la règle et le siècle : les chanoines de Dax -  Fabrice Ryckebusch
Le statut de paix et la trêve de Dieu dans le Livre rouge -
 Frédéric Boutoulle,
L’image des laïcs dans le Livre rouge -  Benoît Cursente,
Perception et structuration de l’espace d’après le Livre rouge Jean-Bernard Marquette
 

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