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Une histoire de plus de huit siècles


     Le Liber rubeus, que tous ses caractères permettent de dater de la fin du xiie siècle, est resté dans les Archives de la cathédrale de Dax jusqu'à la Révolution.
En 1802, le Gardien de ces Archives le prête en communication à un homme érudit et curieux d'antiquités, étienne-Placide Du Bourg des Cases-Noires, avocat et maire de Castets, qui en fait une copie. Puis on perd sa trace jusqu’en 1861, où un certain Dupin de Grenade le renvoie à Henri Crouzet, le célèbre ingénieur qui a joué un rôle très important dans la mise en valeur des Landes de Gascogne.

 

On pourrait se demander comment un manuscrit aussi précieux pour l’histoire de la cathédrale et du diocèse a pu sortir des Archives où il était conservé, pour passer dans la bibliothèque d’une famille. Mais on sait que la Révolution a regroupé les anciens diocèses pour les conformer aux départements nouvellement créés, et que pour les Landes, le concordat signé par Bonaparte en 1802 a eu des effets plus radicaux encore, puisque les diocèses d’Aire et de Dax ont alors été supprimés tous les deux et réunis à celui de Bayonne[1]. Il est probable que c’est à cette date ou peu après que les archives de la cathédrale de Dax ont été dispersées, et l’on peut penser que le cartulaire a alors pu attirer l’attention d’un personnage assez extraordinaire – l’abbé Louis-Mathieu Desbiey –, qui est précisément rentré à cette date dans la région, et dont une sœur, Catherine-Rose, devint la grand-mère d‘élise Numa, épouse d’Henri Crouzet.

     90 ans s’écoulent encore jusqu’en 1954, où le Liber rubeus est retrouvé, après le décès de Louise Turpin, épouse de Louis Crouzet, dans la bibliothèque familiale de Lit-et-Mixe. On le confie alors à un archiviste-paléographe apparenté à la famille, Pierre Luc, qui en entreprend l’étude en vue de préparer son édition. Ce travail sera malheureusement interrompu par la mort de Luc en 1990, et le manuscrit est finalement remis entre les mains de Mgr Sarrabère, qui demande au Cehag de réaliser sa publication.

 

Louis-Mathieu Desbiey,

né en 1734 à Saint-Julien-en-Born, et qui avait fait ses études au collège des Barnabites de Dax, a été ordonné prêtre dans le diocèse de Bordeaux dont dépendait alors le Pays de Born. Devenu en 1767 bibliothécaire du collège de la Madeleine (aujourd’hui Lycée Michel-Montaigne) et élu la même année en membre de l’Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, il rédige en 1774 un mémoire que « la meilleure manière de tirer part des landes de Bordeaux quant à la culture et à la population », qui est honoré d’un prix de l’Académie : il y préconisait la fixation des dunes par des semis de pins.

Ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé, il est contraint de se réfugier en Espagne. Il n’en rentrera qu’en 1802. Nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Bordeaux, il collabore à la Bibliothèque historique de la France. C’est encore à Bordeaux qu’il meurt en 1817.

D’après Mémoire des Landes, Dictionnaire biographique, Cehag, Mont-de-Marsan, 1991.

 

[1] Ils ne se rétablis qu’en 1820 sous la forme de l’unique diocèse d’Aire & Dax.

 

 

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