Sommaire églises

Un xixe siècle sous influence

La redécouverte de l'architecture médiévale

L'organisation d'un Service consacré à la protection du patrimoine

Les restaurations d'églises aux xixe siècle

Les reconstructions d'églises

Le renouveau de la peinture murale et du vitrail

 

La redécouverte de l’architecture médiévale

Dans leur admiration pour l’Antiquité, la Renaissance et l’époque classique avaient souvent manifesté beaucoup de mépris pour les temps considérés comme obscurantistes du « moyen âge ». Pourtant, c’est vers ce Moyen Âge qu’après la rupture de la Révolution, le xixe siècle allait se tourner, aussi bien dans certaines formes littéraires ou musicales, que dans les domaines de l’architecture - en particulier de l’architecture religieuse -, et des éléments qui lui sont associés.

Ce changement radical d’attitude, qui s’inscrit à l’intérieur un mouvement plus général, marqué par un renouveau de la foi et par une reprise de l’influence de l’église durant ces temps de « restauration », a eu une double conséquence : un effort sans précédent de sauvegarde, de restauration et de remise en valeur des églises anciennes ; la construction d’églises nouvelles très directement inspirées par les modèles prestigieux du passé.
 

L’organisation d’un Service consacré à la protection du patrimoine

En dépit de cet intérêt nouveau pour édifices anciens, quelques exemples tragiques avaient pourtant montré au début du siècle que des éléments du patrimoine aussi essentiels que les abbayes de Cluny ou de Charroux, étant devenus la propriété de particuliers ou même à de collectivités au titre des Biens nationaux, pouvaient être la proie des démolisseurs et des marchands de matériaux. Pour pallier cette menace, la nécessité s’est fait jour d’instituer un service capable d’assurer la protection et la conservation du patrimoine en vue de sa transmission aux générations futures.

En 1830, est donc créé le premier poste d’Inspecteur des Monuments historiques, occupé tout d’abord par Ludovic Vitet, puis, de 1834 à 1860, par Prosper Mérimée. Le rôle de cet Inspecteur était de procéder au recensement des édifices ayant vocation à entrer dans le patrimoine. Un peu plus tard, l’institution d’une Commission supérieure des Monuments historiques a permis de présenter en 1840 une première liste d’un millier de Monuments classés, dont deux seulement appartenaient aux Landes : l’église Sainte-Quitterie du Mas d’Aire et l’abbatiale de Sorde-l’Abbaye.

Ces premières mesures seront heureusement complétées dans les années 1890 par la constitution du corps des Architectes en chef des Monuments historiques, et en 1913 par un nouveau texte définissant deux niveaux de protection : le classement qui s’applique aux immeubles dont la conservation présente au point de vue de l’histoire ou de l’art un intérêt public ; l’inscription sur un inventaire supplémentaire, pour des immeubles qui, sans justifier un classement, présentent un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation.
 

Les restaurations d’églises au xixe siècle

Tandis que se poursuivait la mise en place du service des Monuments historiques, un débat théorique, déjà amorcé en 1820 par le Conseil des bâtiments civils, se développait au sein de la Commission supérieure et de l’ensemble de l’administration de l’état sur la manière de concevoir et de réaliser les travaux de restauration. Deux chantiers prestigieux - ceux de la basilique de Saint-Denis et de la Sainte-Chapelle de Paris - se trouvaient au centre du débat. Mais c’est surtout Viollet-le-Duc qui allait participer à la mise en place d’une doctrine souvent critiquée, mais qui traversera les décennies...

L’écho de ce débat ne semble être parvenu dans les Landes que sous une forme fort atténuée. Les problèmes sont ici d’une nature toute différente, comme le montre le traitement infligé aux deux seules églises classées de la liste de 1840 : en dépit de cette protection, l’abbatiale de Sorde subira, à l’initiative d’un vicaire, une restauration si abusive qu’elle entraînera un déclassement prononcé en 1879 ; quant à l’église du Mas d’Aire, sa crypte sera adaptée dans les années 1880 aux conceptions personnelles de l’évêque du diocèse, Mgr Delannoy, en matière d’architecture paléochrétienne. De même, le classement en 1862 de Saint-Girons de Hagetmau n’empêchera pas la démolition de l’église supérieure en 1904, et le remplacement, au nom de l’unité de style, des voûtes d’ogives construites au xviie siècle sur la crypte, par de médiocres voûtes d’arêtes.

Dans un contexte très différent, un autre édifice majeur du département, l’abbatiale de Saint-Sever allait connaître un sort analogue : oubliée sur la liste de 1840, elle devait faire l’objet en 1899 d’une proposition de classement, qui fut refusée par la municipalité, à la suite d’une campagne pressante menée par l’archiprêtre Sarrauton, après consultation de l’évêque, Mgr Delannoy. L’archiprêtre souhaitait en effet terminer sans encombre d’importants travaux de grattage des murs, d’application de badigeons avec faux-joints, et bientôt de construction d’un faux triforium qu’il avait entrepris dans la nef. C’est seulement après toutes ces transformations que le classement put intervenir, en 1911.

C’est encore à l’initiative du clergé et des paroisses qu’ont été transformées de nombreuses églises moins prestigieuses du département. Du fait du manque d’entretien et du retard pris dans des réparations nécessaires au cours des décennies précédentes, beaucoup d’édifices s’étaient beaucoup dégradés ; mais beaucoup aussi s’avéraient trop petits pour une population en pleine expansion. De nombreux travaux sont donc entrepris : on restaure des toitures, on refait des plafonds et on les remplace parfois par des voûtes légères en plein cintre ou sur croisées d’ogives, supportées par des colonnes ou des pilastres, on flanque la nef d’un collatéral qui s’ajoute parfois à celui qui avait été construit après la Guerre de Cent Ans, on élève une tour-clocher qui se substitue au clocher-mur antérieur, on agrandit les fenêtres anciennes et on en perce de nouvelles pour apporter plus de lumière dans l’édifice, on ménage de nouvelles portes. Dans toutes ces modifications ou adjonctions, et en particulier pour le décor sculpté, on se réfère bien évidemment aux modèles médiévaux, tels qu’on les comprend ou qu’on les imagine.

Dans les églises ainsi transformées, on renonce au dépouillement qui avait prévalu au siècle précédent pour mieux mettre en valeur le riche mobilier baroque. Les fenêtres anciennes ou nouvelles sont dotées de vitraux, les murs sont recouverts de peintures décoratives et parfois historiées qui changent totalement l’atmosphère de l’édifice.
 

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