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L’œuvre contrastée du xxe siècle

La construction d'églises nouvelles

Des restaurations répondant opà des nécessités diverses

Un recours difficile à de véritables créateurs d'art religieux

 

La construction d’églises nouvelles

La fin du Second Empire, et les difficultés entraînées par la Séparation, puis par la Première Guerre mondiale ont interrompu le mouvement de reconstruction qui avait marqué l’époque précédente. On se contentera pendant la première moitié du siècle de restaurations souvent sommaires, et parfois médiocres, en raison de l’emploi de procédés commodes mais mal adaptés aux édifices anciens : couvertures de tuiles mécaniques, application d’enduits de ciment, non seulement sur les murs, mais aussi sur certains éléments sculptés fragiles. Les seules églises refaites au xxe siècle sont celle de Brocas-les-Forges, élevée en 1930 pour remplacer une ancienne église romane dont la voûte s’était effondrée un peu auparavant, et la modeste chapelle d’Audon, succédant à une autre église romane qui menaçait ruine.

Plus fréquente a été la construction d’églises en des lieux qui n’en comportaient pas auparavant. Toutefois, comme les Landes n’ont pas connu au cours du xixe et du xxe siècle le même développement des villes et surtout des banlieues que dans d’autres régions, ce n’est pas surtout à la périphérie des cités que l’on peut trouver ces églises nouvelles : si l’on excepte quelques constructions sommaires, abris ou salles de réunion aménagées pour le culte, comme la chapelle de Berre à Dax ou celle de la Pince à Saint-Paul-lès-Dax, les seules constructions récemment réalisés dans ces circonstances sont l’église Saint-Vincent-de-Paul et tout récemment l’église du Peyrouat à Mont-de-Marsan, et l’église du Gond à Dax.

La plupart des autres églises nouvelles élevées au cours du xxe siècle l’ont été sur la côte, où le développement considérable du tourisme avait entraîné la création de véritables cités balnéaires, situées sur le territoire de communes dont l’église ancienne était souvent distante de plusieurs kilomètres de la mer. La première église construite pour répondre à ces besoins nouveaux a été celle de Hossegor, élevée dans les années 1940-1950 dans la commune de Soorts. Puis ont suivi les églises de Mimizan-Plage et du Penon dans la commune de Seignosse.

Il faut enfin mentionner une intéressante construction des années 1960 à Buglose, lieu de pèlerinage marial alors très fréquenté : la basilique néogothique du siècle précédent ne suffisant pas à accueillir les pèlerins réunis à certaines occasions, on a alors édifié devant la modeste chapelle marquant le lieu de la découverte de la statue miraculeuse de la Vierge une haute couverture abritant un autel pour des célébrations en plein air.

 

Des restaurations répondant à des nécessités diverses
 

Après les restaurations sommaires et souvent médiocres de la première moitié du siècle, les églises ont fait l’objet, pendant la seconde moitié, de travaux beaucoup plus importants, conçus dans des perspectives et sur des motivations très différentes, qui correspondent à deux périodes bien distinctes.

Au cours des années 1960-1970, les restaurations ont été entreprises surtout à l’initiative du clergé et des paroisses : elles étaient inspirées par quelques-unes des idées fondamentales du concile de Vatican II, qui a suscité un renouveau si important dans beaucoup de domaines, mais qui a eu, dans celui de l’art, des conséquences désastreuses : mal compris et brutalement appliqués par des responsables locaux peu avertis, la volonté d’un retour à des origines imaginées comme «primitives», le souhait de rompre avec les fastes et le triomphalisme du passé pour retrouver une «Église servante et pauvre», enfin, un souci d’œcuménisme, et en particulier de rapprochement avec les courants réformés les plus hostiles aux images ont eu pour effets immédiats l’arrêt de la plupart des programmes de décoration des églises, mais aussi la mise à l’écart ou la suppression de nombreux éléments de décor existants, quelle qu’en soit la qualité artistique ou l’intérêt iconographique.

Dans une indifférence assez générale, partagée même par des municipalités à qui la loi de Séparation de 1905 avait pourtant transféré la propriété des églises et de leur mobilier, on a alors recouvert des décors peints de badigeons unis, parfois supprimé des enduits pour mettre à nu des maçonneries hideuses, et démonté, souvent détruit ou vendu des retables, des autels, des chaires, pour atteindre une austérité touchant souvent à l’indigence. Ces divers travaux ont souvent été réalisés sans l’assistance d’aucun spécialiste, et en dehors de tout contrôle de la Commission diocésaine d’art sacré.

La seconde période de grandes restaurations a débuté dans les années 1980 et elle s’est poursuivie jusqu’à nos jours. Les travaux alors entrepris l’ont généralement été à l’initiative des municipalités, soudain conscientes que si l’église était moins utilisée pour le culte, elle restait pourtant généralement l’élément de patrimoine le plus remarquable de la commune. Comme les restaurations de l’époque précédente avaient souvent porté sur le décor, l’aménagement et le mobilier, en négligeant l’édifice lui-même, on a alors rapidement perçu l’urgence d’interventions sur certains éléments gravement défectueux : des toitures non étanches, des maçonneries fissurées, des enduits dégradés, des sculptures gercées.

Sauf exception très rare, les responsables communaux ont également compris les difficultés tout à fait spécifiques que pouvait présenter toute intervention sur des édifices aussi anciens, aussi particuliers, et parfois aussi remarquables, et donc la nécessité de rechercher auprès de spécialistes une compétence qu’eux-mêmes et les artisans auxquels ils recouraient d’ordinaire ne possédaient pas toujours. Ils ont donc souvent fait appel à des architectes et à des artisans spécialisés, et accepté de consacrer aux travaux des sommes parfois considérables.

Le résultat de ce changement d’attitude apparaît aujourd’hui déjà assez remarquable. Si l’on doit encore déplorer quelques restaurations très médiocres, on peut heureusement découvrir bien des églises qui ont retrouvé toute leur qualité et tout leur sens.

 

Un recours difficile à de véritables créateurs d’art religieux

Si, depuis cent ans, «on avait confié des églises à décorer à Daumier, à Van Gogh, à Gauguin, à Cézanne, à Seurat, à Degas, à Manet, à Rodin ou à Maillol, si on avait ‘parié pour le génie’, imagine-t-on ce que seraient aujourd’hui nos églises françaises ?» Ces paroles du Père M.-A. Couturier prennent une acuité particulière dans les Landes, qui sont demeurées presque entièrement à l’écart du grand mouvement de renouveau artistique chrétien animé surtout au cours des années 1940-1950 par un cercle de religieux et d’artistes formé autour de la revue de L'Art Sacré. Choquée par certaines audaces, la plus grande partie du peuple chrétien comme du clergé est demeurée longtemps fidèle à l’esprit de l’art «saint-sulpice», ou s’est soumise à la pression de commerçants ou laissée séduire par le verbiage de prétendus « artistes autodidactes »...

Parmi les rares œuvres d’artistes contemporains introduites dans les églises nouvelles ou rénovées, on compte surtout des vitraux : ceux de l’église de Pouillon, sur des cartons de Françoise Subes, les verrières de l’église Saint-Vincent-de-Paul, conçus et réalisés par Clercq-Roques, à qui l’on doit de nombreux autres ensembles, et en particulier le mur de lumière et plusieurs sculptures de l’église de Meilhan, les vitraux réalisés par Mauméjean ou Lesquibe pour d’autres églises, des croix de céramique de Gérard et Jany Lebreton pour l'église du Gond à Dax et la chapelle de la Base aérienne d'Istres.

 

Pouillon. Vitraux de Françoise Subes et Létienne. Les Béatitudes

Croix de céramique pour la chapelle d'Istres


    À quelques exceptions près, toutes ces réalisations sont antérieures aux années 1970. Depuis cette date, l’arrêt des programmes de mise à jour de l’après concile et l’orientation plus pragmatique des préoccupations des municipalités à l’égard de leurs églises, le conservatisme de nombreux chrétiens pratiquants ont d’autant plus détourné l’attention des problèmes de décor que l’offre d’œuvres d’un art authentiquement religieux se faisait plus réduite. Le souci exacerbé d’exprimer leur personnalité dans des recherches détachées de toute contingence rend beaucoup d’artistes imperméables à toute notion de programme, mais également de contexte intellectuel ou architectural : le dialogue entre le créateur et le commanditaire est devenu très difficile, sinon impossible. Or, une église est marquée à la fois par une référence spirituelle, par une fonction, par un passé et par une personnalité architecturale propre. L’introduction dans un tel ensemble d’une œuvre nouvelle ne peut pas être une rupture totale, encore moins une provocation ; elle exige, de la part aussi bien du commanditaire que du créateur, une vérité intérieure faite d’un véritable respect, et même d’une réelle humilité.

 

 

 

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  Histoire des églises Landaises
  Le xie siècle, dans la continuité de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge
  Le xiie siècle, et le triomphe de l’art roman
  L’âge gothique. xiie-xve siècles
  Les temps modernes. xvie-xviiie siècles
  Un xixe siècle sous influence
 

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