L’église Saint-Médard
et l’abbaye de Saint-Sever

L’église Saint-Médard apparaît dans l’histoire dans les années 1065-1072, lorsque,

« sous le règne du comte de Gascogne [et duc d’Aquitaine] Gui-Geoffroy-Guillaume et du seigneur Grégoire, abbé de Saint-Sever, en donnant [à l’abbaye] son fils Raimond comme moine, Arnaud-Seguin de Stag a fait don pour toujours à Dieu, à saint Pierre, ainsi qu’au [saint] martyr Sever, de la totalité de l’église de Saint-Médard de Geloux (ecclesia S. Medardi de Gelos), ainsi que d’un paysan. » (P.-D. Du Buisson, Historiæ monasterii S. Severi libri X, Aire, 1976, t. II, p. 181).

Un peu plus tard, vers l’an 1100, une autre donation apportera à la paroisse les ressources nécessaires à son activité, avec des terres et tout le personnel assurant leur exploitation :

« Le jour de la fête de saint Benoît [21 mars], Fort-Garsie de Balerin, considérant que, dans le monde, tout est éphémère et fragile, et désirant, dans la mesure du possible, acquérir, pour lui et pour les siens, un trésor dans les cieux, où les puissants de ce siècle n’ont pas de pouvoir, a fait don à Dieu et à saint Sever, pour le salut de son âme et de celles de son père et de sa mère, de sa terre de Geloux (Geulos), avec Garsie Doat de Toiat et tout ce qu’il y possédait, cultivé ou inculte, ainsi que les serfs, hommes et femmes, et le paysan libre de Benavia.

Témoins de ce don :  Suavius, abbé, Talindus de Labarthe, Bernard de Sederinel et toute la congrégation des frères, Guilhem-Raimond, maçon, Anedil de Monpeyroux et beaucoup d’autres. » (ibid., p. 192-193).

Désormais et sans doute jusqu’à la Révolution, l’église va demeurer sous la dépendance de l’abbaye de Saint-Sever, qui en percevra les bénéfices, et en assurera le service et l’entretien.

Au moment de la donation, l’abbaye atteignait l’apogée de sa puissance. Grâce aux libéralités des comtes de Gascogne et de nombreux seigneurs locaux, puis sous l’autorité de l’abbé Grégoire, devenu également évêque de Lescar et de Dax, elle avait étendu ses possessions de Bordeaux et de l’extrémité du Médoc et de l’Agenais, dans les diocèses d’Aire et de Dax, et jusqu’en Navarre, près de Pampelune. Les scribes et les peintres de son scriptorium réalisaient de somptueux manuscrits richement enluminés, et en particulier le Beatus, un commentaire de l’Apocalypse qui est aujourd’hui l’un des trésors de la Bibliothèque nationale de France. Enfin, on commençait alors à reconstruire son église abbatiale selon un parti qui en ferait l’édifice le plus remarquable de tout le Sud-Ouest.

Dépendre d’une institution aussi prestigieuse allait permettre à l’église de Geloux de bénéficier sans doute de l’aide matérielle, mais assurément de l’assistance culturelle et spirituelle qui expliquent certainement la qualité de son architecture, de son décor et de son mobilier.

Cette qualité a été révélée et mise en valeur de 1998 à 2004 par un vaste ensemble de travaux qui ont successivement porté sur l’extérieur et le clocher, puis sur tout l’intérieur et tout le mobilier, et qui ont permis de mettre au jour l’ancien décor peint de la chapelle Notre-Dame.   

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