La réalisation d’un riche mobilier
au cours des xvii
e-xixe siècles

Au cours des xviie et xviiie siècles, l’église de Geloux a été dotée d’un mobilier abondant, de grand intérêt et, pour sa majeure partie, d’origine. Un rapprochement avec le procès-verbal de la visite pastorale effectuée le 20 octobre 1751 par Mgr de Sarret de Gaujac, évêque d’Aire, permet en effet d’identifier avec vraisemblance plusieurs éléments toujours en place. Cette précieuse datation n’est pas seulement utile à la connaissance de l’édifice, mais elle donne des repères importants pour l’étude du mobilier religieux landais de la Contre-Réforme.

Une iconographie renouvelée

C’est en effet une volonté de réaction aux thèses et aux entreprises de la Réforme protestante qui explique pour l’essentiel l’esprit dans lequel a été conçu ce mobilier : au rejet du culte de la Vierge et des saints, au refus – et à la destruction – de leurs images et des riches décors qui les accompagnaient, on veut opposer une affirmation répétée du rôle des saints protecteurs célestes, et une vénération de leurs représentations, le tout dans le cadre souvent somptueux de l’art baroque.

Cet accent mis sur la dévotion aux saints et à leurs images tranche avec les choix iconographiques que révèlent les autres figurations que conserve l’édifice. Dans la partie romane, les chapiteaux du contrefort d’axe demeuraient essentiellement symboliques : si les oiseaux buvant dans un vase évoquaient clairement l’Eucharistie, la signification des lions était plus ambiguë. À l’intérieur, les chapiteaux de l’arc d’entrée rappelaient les dangers encourus par le pécheur, menacé de supplices divers à la fin des temps.

À la différence de plusieurs ensembles contemporains marqués par un souci anecdotique ou moralisateur – ainsi dans l’église toute proche de Suzan, où une place assez large est faite aux représentations des Péchés capitaux et des œuvres de miséricorde –, le décor peint de la chapelle de la Vierge de Geloux présente une haute valeur théologique et spirituelle, certainement due à l’influence de l’abbaye qui a dû l’inspirer : les quelques scènes conservées de la vie terrestre de la Vierge y apparaissent insérées dans une évocation affirmée du Plan du Salut qui leur donne toute leur signification.

Tout différent est l’esprit qui préside aux choix iconographiques du nouveau mobilier. Si la Vierge est bien sûr présente, c’est dans l’évocation de son enfance, par la présence de ses parents, Joachim et Anne, sur le retable latéral. Certes, le Christ ressuscité apparaît, ainsi que l’Eucharistie – sous la forme d’un ostensoir sur la porte du tabernacle –, Jean le Baptiste, et même Dieu le Père. On voit aussi saint Pierre et saint Paul, colonnes de cette église de Rome contre laquelle se sont révoltés les réformateurs protestants. Mais la figure essentielle, puisque représentée 5 fois, est celle du saint patron de l’église, Médard, auquel est 3 fois associé l’anecdotique et légendaire saint Georges.

Les quelques apports du xixe et du xxe siècle demeureront assez fidèles à cet esprit : un tableau et trois vitraux illustrent les dévotions qui marquaient le plus profondément la vie spirituelle des chrétiens de ces époques.

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