SAINT-PAUL-Lès-DAX

église Saint-Paul

L’église Saint-Paul s’élève à l’extrémité d’une plate-forme naturelle, à l’endroit d’où partait jadis l’aqueduc alimentant en eau froide la cité d’Aquæ Tarbellicæ – Dax. Au xviiie siècle et jusqu’au début du xixe, on pouvait encore voir de grandes arches en briques dans le quartier du Sablar séparant Saint-Paul de l’Adour, mais également, non loin de l’église, des fontaines, des canalisations, des réservoirs souterrains et surtout une «crypte», où reposaient des sarcophages de marbre du ve siècle, dont deux sont conservés au Musée de Borda à Dax.

On ne possède aucun renseignement historique sur les origines ou le passé de l’édifice lui-même, mais on peut penser que l’église mentionnée dans le Liber rubeus de la cathédrale de Dax remontait au siècle précédent : en effet, un relevé établi en 1856 avant la construction de la nef à collatéraux actuelle montre l’existence à cette époque d’une vaste nef unique charpentée, analogue à celles que l’on peut encore voir en Bigorre, à Tasque, Larreule ou Madiran. Cette nef était sans doute complétée par un chevet très simple, qui a été remplacé au xiie siècle par l’abside actuelle. Par la suite, vers la fin du Moyen Âge, l’église avait été prolongée à l’ouest par une tour massive.

 

Intérieur


Intérieur de l’abside

L’abside avait été décorée au xive ou au xve siècle de peintures murales qui ont été détruites vers 1920 ; plus récemment, elle a été dépouillée de ses enduits et restaurée d’une manière très radicale.

D’emblée, on peut remarquer les particularités et même les étrangetés qui font la singularité de cet ensemble : c’est tout d’abord l’étage inférieur qui retient l’attention, avec ses onze niches creusées dans la maçonnerie. Cette disposition, utilisée dès l’Antiquité, en particulier dans les édifices thermaux, a été conçue ici d’une manière très originale : de plan triangulaire et non semi-circulaire comme d’ordinaire, les niches sont fermées par un arc en plein cintre et bordées par un large bandeau posé de biais et par un gros tore. Comme ces éléments s’élèvent au-dessus d’un soubassement, l’ensemble forme comme une suite de sièges entourant l’autel.

également surprenantes sont les proportions démesurées des trois fenêtres qui, à l’étage supérieur, s’ouvrent sous des arcs ornés d’étoiles et portés par des chapiteaux aux feuilles décorées de boules.

Enfin, les deux murs gouttereaux renferment une disposition relativement rare, un escalier droit qui monte vers l’entrée du chœur. On peut penser que ces escaliers étaient destinés à donner accès aux parties hautes d’une nef que l’on projetait de reconstruire aussi. Mais leur forme droite, qui est exceptionnelle dans nos régions, où l’on préfère les escaliers à vis, mais qui est en revanche fréquente en Espagne du Nord, est une première indication sur les relations qui ont pu marquer l’édifice.

 

Extérieur. L’arcature

Alors que le chevet est relativement austère à l’intérieur, il offre à l’extérieur une extrême richesse décorative. Ici encore, la composition est partagée en deux étages par un bandeau, mais elle est en outre rythmée par quatre contreforts.

Dans la partie inférieure, une arcature se déploie au-dessus d’une sorte de stylobate correspondant à la banquette de l’intérieur. Cette disposition, fréquente dans le Sud-Ouest comme dans d’autres régions à l’intérieur des absides, est  en revanche très rare à l’extérieur. Elle comporte ici quatre arcades dans la partie centrale de l’abside, trois sur chacune des parties latérales, et également trois sur chaque mur de la travée droite, soit un total de 16 arcades portées par 21 colonnettes.
     Tout cet ensemble est orné avec un soin minutieux, mais où l’on retrouve la même étrangeté qu’à l’intérieur : on peut ainsi remarquer la forme très particulière des billettes ornant certains arcs. D’autres particularités s’expliquent par le


Extérieur du chevet

remploi d’éléments antiques  :  des bases de profil très divers, des fûts de colonnettes, dont certains galbés, des blocs dont la forme a imposé celle des épannelages – un d’eux est de forme cylindrique, un autre de section triangulaire, avec un tailloir orné sur sa face inférieure.

Tout aussi significatifs sont les thèmes mis en œuvre.

 


Chapiteau cylindrique. Rinceaux et ombelles


Chapiteau triangulaire. Oiseaux


Les chapiteaux authentiques – les deux placés à l’extrémité orientale des deux arcatures de la travée droite ont été inventés lors de la restauration des années 1960 – présentent tout d’abord des thèmes végétaux assez divers : type corinthien traité de manière très fantaisiste, grappes de raisin, sortes d’ombelles, ou lianes terminées par des têtes d’oiseau au bec crochu.
 


Chapiteau des années 1960.

Chapiteau corinthien

Chapiteau corinthien

Lianes terminées par des têtes d'oiseaux

 

     Parmi les thèmes figurés, on voit des oiseaux picorant leurs pattes ou des grappes, des lions passants, des félins


Oiseaux picorant leurs pattes


Oiseaux picorant des grappes


Félins

Félins

 

et des chevaux aux pattes démesurément étirées, des sirènes-oiseaux, des masques divers.

     Enfin, sont aussi représentés quelques thèmes historiés profanes : des acrobates suspendus aux cheveux de femmes, des jongleurs dansant au son d’une viole ou renversés la tête en bas et soutenant une boule avec leurs pieds, des dompteurs plaçant leurs mains dans la gueule de lions.

     Tous ces éléments semblent très disparates, et leur traitement apparaît si diversifié qu’on pourrait être tenté de les expliquer par des influences ou des relations très différentes.


Chevaux monstrueux

Sirènes-oiseaux et lions

 


Acrobates suspendus aux cheveux de femmes

Acrobates, jongleurs et musiciens

Dompteur de lions

 En réalité, tous se retrouvent fréquemment associés dans plusieurs édifices du Sud des Pyrénées, et en particulier dans des ensembles navarrais ou aragonais, comme la crypte de Sos del Rey Católico, certains chapiteaux du musée de Pampelune et surtout le portail occidental de l’abbatiale San Salvador de Leyre.

 

 Les parentés étroites non seulement de thème mais de traitement entre toutes ces œuvres permettent sans aucun doute d’attribuer l’arcature de Saint-Paul-lès-Dax à des sculpteurs venus d’Espagne, mais qui ont également exercé leur art à Sorde-l’Abbaye, et sur les modillons du chevet de l’église de Saubrigues.

 

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