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L’instauration de la démocratie (1848-1918)

Sous tous les régimes qui se sont succédé de 1848 à 1918, le département des Landes a gardé une vie politique marquée par des vagues successives d’élus légitimistes ou républicains modérés, puis radicaux, et socialistes.

Durant l’Empire, l’opposition au pouvoir prit parfois une forme violente, en particulier à Sabres en 1863, du reste pour des raisons plus encore économiques et sociales que proprement politiques. Pourtant, le plébiscite de 1870 devait encore montrer l’attachement des Landais à un régime dont les réalisations permettront au cours des décennies suivantes un essor dans le domaine culturel comme dans le domaine économique : l’enseignement public connaît alors un grand développement, grâce en particulier à l’action du ministre Victor Duruy, par ailleurs élu président du Conseil général des Landes. Dans le même temps, les archives départementales vont s’organiser sous la direction de Tartière.

À l’avènement de la République, les Landais, revenant sur leur soutien à l’Empire lors du plébiscite, se rallièrent assez rapidement au nouveau pouvoir, défenseur de la propriété privée et qui avait résisté aussi bien à la Commune de Paris que bientôt au socialisme collectiviste.

Au cours des décennies suivantes, l’affirmation des opinions républicaines s’accompagne de nombreuses luttes et querelles, et donc de changements de majorité, dues, comme par le passé, davantage à des questions personnelles qu’à de profondes divergences politiques. Plus tranchées en revanche vont être les manifestations du malaise social : les grèves de résiniers de 1906-1907, les premières animées par des syndicats, ont été marquées par diverses violences.

Ces oppositions de toutes sortes ont été attisées par une presse politique particulièrement active, qui n’a pas compté moins de sept journaux à Mont-de-Marsan, dix à Dax, deux à Saint-Sever, un à Aire-sur-l’Adour.

Sur le plan économique, cette époque voit l’extension considérable de la forêt aux dépens des landes de parcours des troupeaux, et donc le développement du gemmage et de l’exploitation des bois, avec pour corollaires la création d’usines de distillation de la gemme et de scieries, et l’organisation d’un marché des bois, du poteau de mine et du poteau télégraphique au charbon et à la traverse de chemin de fer. Mais des industries plus lourdes vont également être lancées : des papeteries utilisant le bois de pin, des hauts fourneaux à coke prolongeant les modestes fonderies du pauvre minerais de fer landais, des usines utilisant le liège pour fabriquer des bouchons et d’autres objets. Enfin, on développe l’exploitation des carrières, et l’on reprend ou commence celle du lignite, du bitume et du sel gemme. Toutes ces évolutions ont été grandement favorisées par la création d’un réseau de chemins fer qui a désenclavé le département, et surtout la Lande.

 

L’église, des rigueurs de l’ultramontanisme à la crise de la Séparation

« La vie religieuse et culturelle des Landes, de 1852 à 1870, suit le rythme du mouvement général des idées : les évêques d’Aire, puis de Dax, diffusent dans leurs mandements les thèses du pape Pie IX : défense du pouvoir temporel des papes, des dogmes fondamentaux contre les idées modernes [...] et de l’infaillibilité pontificale. Cependant, dans les faits, les idées laïques progressent, et l’état veut progressivement  remplacer l’église dans l’enseignement et plus spécialement dans l’éducation des jeunes filles [...]. Enfin, les études historiques et scientifiques s’appuient sur le développement des archives et des recherches expérimentales en s’émancipant de plus en plus de l’influence de l’église. » (J.-C. Drouin)

Cette opposition allait se préciser et s’exacerber à l’occasion des deux crises qui ont marqué à l’époque suivante les rapports de l’église et de l’état. La première est provoquée à partir de 1880 par la politique anticongrégationniste de Jules Ferry et d’émile Combes. Tandis que certains curés attaquent violemment l’école laïque, plusieurs congrégations enseignantes - les Ursulines en particulier - doivent fermer leurs établissements et finalement s’exiler à l’étranger. La seconde crise naîtra en 1905 de la loi de Séparation, dont les difficultés d’application firent passer la plupart des églises et de leurs biens dans la possession des communes. Les inventaires dressés à cette occasion témoignent de la résistance opiniâtre du clergé et des fidèles à cette politique.

 

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