Le programme du mur est


Organisation du mur est

     La composition du décor appliqué sur le mur est s’organise comme celle d’un retable. Elle est divisée en trois registres horizontaux : le registre inférieur est, comme la prédelle d’un retable, moins haut que les deux autres ; il est formé d’un bandeau continu qui devait comporter à l’origine 12 éléments, si l’on en juge par les dimensions de ceux qui sont conservés dans la partie médiane ; le registre intermédiaire comporte au centre, à l’emplacement occupé sur un retable par le tableau, une arcade vide, encadrée par deux scènes disposées à la manière de volets latéraux ; au registre supérieur enfin, un personnage debout est encadré par deux autres prosternés à ses pieds.

 

Le registre intermédiaire. L’arcade axiale

     Le regard est d’emblée attiré par le registre intermédiaire, et tout d’abord par l’arcade qui n’en occupe pas exactement le centre, mais qui est légèrement décalée vers la droite. Avec ses montants et son arc de couleur ocre jaune et son fond ocre rouge dépourvu de tout motif figuré ou décoratif, elle évoque une niche à fond arrondi.
Lors de l’enlèvement du retable, une grande cavité, aujourd’hui fermée, occupait la partie inférieure de cette niche : sans doute s’agissait-il de l’arrachement d’une console destinée à porter une statue ou un objet, dont l’arcade dessinait l’encadrement.


Arcade axiale

 

Le registre intermédiaire. La scène de l’Annonciation


Annonciation

Dans les deux personnages séparés par un grand bouquet de la scène de gauche, on reconnaît sans peine la Vierge et l’archange de l’Annonciation.

Marie, vêtue d’une tunique rouge et d’un ample manteau, semble agenouillée. Elle est séparée de l’archange par un grand vase d’acanthes.
Gabriel, qui porte des vêtements liturgiques, est agenouillé devant Marie ; il tient de la main gauche le bâton fleurdelysé du messager, sur lequel s’enroule un phylactère portant les mots Ave Maria, « Je vous salue Marie ».

 

 

Luc, 1. 26-35, 38 : Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie.

Il entra et lui dit : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Et l'ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin. »

Mais Marie dit à l'ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ? » L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu […] »

Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole ! » Et l'ange la quitta.

 

Le registre intermédiaire. La scène de la Crucifixion


Crucifixion

À l’évocation, par cette scène hautement symbolique, de l’Incarnation du Fils de Dieu, point de départ de l’œuvre du Salut accomplie par Jésus, répond sur la partie droite du registre la représentation de la Crucifixion, accomplissement de sa mission par le sacrifice suprême de sa vie.

Jean, 19. 25-27 : Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala.

Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui.

Contrairement au texte de l’évangéliste Jean, le seul qui rapporte l’épisode, et aussi à des figurations plus anecdotiques, la scène se réduit ici aux trois personnages essentiels, comme sur les missels liturgiques de la fin du Moyen Âge.

 

Le cadre du Golgotha est évoqué par des montagnes stylisées, mais les personnages se détachent sur un fond clair orné de fleurettes.

Au centre, Jésus apparaît vêtu du perizonium, bien noué sur ses reins ; au-dessus, on distingue le titulus sur lequel est inscrit INRI (Iesus Nazarenus Rex Iudeorum, « Jésus de Nazareth, le roi des Juifs »). À sa gauche, la Vierge, ses bras croisés sur la poitrine exprimant sa douleur, contemple son fils ; au-dessus, on devine le soleil. À droite, Jean, en prière, regarde Marie avec sollicitude.

Au registre supérieur, l’Apparition du Christ Sauveur


Apparition du Christ Sauveur

Dominant toute la composition, le Christ apparaît debout, dans une mandorle ovale blanche, figurant la gloire du ciel, entre deux anges prosternés à ses pieds ; nimbé, portant les cheveux longs et une barbe courte, il est vêtu d’un manteau blanc qui s’ouvre sur une tunique ocre ; de la main droite, il bénit, index et médium tendus ; sa main gauche est effacée, et on ne sait si elle tenait le Livre, ou le globe de l’Univers.

 

Cette figuration est plus rare que celle du Christ en majesté, assis sur un trône. Dans le manuscrit du Beatus de Saint-Sever, où cette dernière est reprise plusieurs fois, le Christ n’est représenté qu’une seule fois debout, au folio 29, où l’image illustre le passage de l’Apocalypse, 1, 13 et suiv., qui évoque la vision par Jean du « Fils d’homme » dans l’île de Patmos.

De part et d’autre du Christ, les deux anges vêtus d’amples robes bouffantes sont prosternés à genoux, et ils déploient une de leurs ailes pour encadrer la mandorle.

Au registre inférieur, le Collège apostolique

Collège apostolique

À l’emplacement de la prédelle d’un retable gothique, on trouve ici un bandeau fractionné en 12 panneaux par des colonnettes dont les chapiteaux de type dorique portent un entablement. À l’intérieur de chaque panneau, un personnage nimbé se détache sur un fond de tentures incurvées donnant une impression de profondeur. L’aspect de ces personnages et surtout leur nombre tel qu’on peut le calculer d’après leurs proportions permettent de les identifier comme les 12 apôtres. On peut toutefois regretter que l’effacement de nombreux détails ne confirme pas cette identification par la présence de leurs attributs : on distingue seulement la croix que porte l’un d’eux, et le livre que tient un autre. À eux seuls, ils évoquent et symbolisent déjà l’église.

Un programme de caractère essentiellement christologique

Ce dernier élément du programme – la présence du Collège apostolique accompagnant la vision du Christ en gloire – renforce la signification fondamentalement christologique du programme général de la composition appliquée sur le mur est de la chapelle, derrière l’autel.

Dans cette perspective, les deux scènes dans lesquelles figure la Vierge sont parfaitement intégrées à l’ensemble, puisqu’elles marquent à la fois le début et la fin de l’existence terrestre de Jésus, et les deux grands mystères qui la marquent, l’Incarnation et la Rédemption. Cependant, parce qu’elles se situent dans un espace dédié à la Vierge, elles prennent une autre dimension : en illustrant le rôle essentiel joué par Marie dans la vie et dans la mission du Christ, elles confèrent à l’ensemble une signification secondairement mariale, qui était peut-être fortement soulignée par la présence, au centre de la composition, d’une statue de la Vierge.

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