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L'architecture des Ordres Mendiants : le couvent des Jacobins de Saint-Sever
 


Saint-Sever. Couvent des Jacobins

     Comme dans tout le Midi de la France, les fondations de couvents des Ordres Mendiants se sont multipliées au xiiie siècle dans les diocèses landais, et en particulier dans le diocèse d'Aire, mais des destructions de toute sorte n'ont laissé subsister que bien peu de vestiges de ces premiers établissements. Seul le couvent des Jacobins de Saint-Sever a pu, en dépit d'une importante reconstruction au xviie siècle, conserver la majeure partie de son église primitive et de son aile orientale.


L
es petites églises de campagne

En dépit des conflits, ainsi que de l'état d'insécurité et des ruines qu'ils entraînaient, on a poursuivi, durant les xiiie et xive siècles, dans les diocèses landais la construction de maints édifices déjà commencés, en particulier dans les villes, et l'on y a entrepris, surtout dans les campagnes, de nouvelles églises, souvent modestes et conçues selon des partis et dans un esprit tout différents de ceux qui avaient cours dans des régions plus septentrionales. Il en a été ainsi en particulier dans les bastides créées à la limite des zones d’influence anglaise et française.

Dans ces constructions, on a souvent encore utilisé la pierre, pourtant assez rare dans le pays landais : pierre coquillière dans le Marsan, « garluche » — un grès ferrugineux — dans la partie septentrionale, pierre de Bidache au Sud, calcaires locaux ailleurs. Mais progressivement le bel appareil régulier a été remplacé par des moellons débités maladroitement, puis par des briques, en particulier dans les régions les plus orientales, du Marsan au Tursan et au Gabardan.

Pour les partis, on est demeuré encore assez longtemps fidèle à des formules traditionnelles - chevets plats ou semi-circulaires, lancettes étroites à ébrasement simple ; et si des chevets polygonaux ont été adoptés ailleurs, ils ont souvent été construits comme les premiers dans le prolongement exact de la nef, avec laquelle ils forment une salle unique très simple. Enfin, nombre d’églises construites alors présentent un élément caractéristique, qui a également été souvent ajouté vers la même époque sur la façade occidentale d’édifices plus anciens, un clocher-mur très aigu percé de deux ou de trois baies abritant les cloches et doublé d'un abat-son de bois construit en appentis et couvert de bardeaux, de petites tuiles, ou plus tard d'ardoises.

 

Les églises fortifiées
 









 

     C'est aussi la façade occidentale qui a le plus souvent reçu le système défensif dont l'église a été dotée, parfois dès sa construction, parfois seulement par la suite. Mais quelle que soit leur date, les partis adoptés ont été très divers : vaste porche épaulé de puissants contreforts et surmonté d'un clocher carré, chambre forte en surplomb, tourelle d'angle de forme circulaire ou octogonale, percée de meurtrières. Ailleurs, ce sont d'autres parties de l'édifice qui ont été dotées de dispositifs également fort divers : des tours carrées armées

Uchacq. église de Parentis

d'archères ou de meurtrières à Réaut dans le Marsan, à Herré ou à Laballe dans le Gabardan ; parfois, comme à Lesgor et à Beylongue dans le diocèse de Dax, à Arx et Vielle-Soubiran dans le Gabardan, c'est tout l'ensemble qui a été surmonté d'un étage fortifié par des créneaux, des merlons, et parfois des échauguettes et des bretèches ; enfin, c'est plus rarement le chevet que l'on a choisi de protéger, soit dans son ensemble, comme à Sarbazan, soit en partie, comme à Beaussiet, où une absidiole sert de souche à une tour.

Bien que la plupart des systèmes défensifs que présentent encore les églises du pays landais aient sans doute été construits au cours de cette période troublée qui s'étend des dernières décennies du xiiie siècle jusqu’à la fin de la guerre de Cent Ans, quelques dispositions plus tardives montrent que les populations de ces régions seront bien au-delà de cette époque préoccupées par le souci de leur défense : les clochers du xvie siècle associeront encore à de jolis portails richement décorés dans un style flamboyant et aux larges baies ouvertes dans les étages supérieurs des meurtrières percées dans les parties basses et dans les tourelles ; et il n'est pas jusqu'aux tours reconstruites ou transformées en plein xviie siècle dans le Gabardan ou le Pays d'Orthe — à Saint-Etienne d'Orthe, à Port-de-Lanne — qui ne gardent encore un aspect massif et sévère, dû aux éléments fortifiés dont on les a munies.

 

 

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