Sommaire Contexte  / Page précédente

Aux xvie-xviie siècles, remise en cause et affirmation de la foi catholique

Toutes les régions de France ont connu au xvie siècle une véritable fracture : la Réforme protestante, en particulier sous sa forme calviniste, remettait en effet radicalement en question sinon toujours la foi catholique, du moins la pratique de cette foi, et en particulier le culte de l’Eucharistie, de la Vierge et des saints qui occupait une si grande place dans la vie de l’église. Les Landes n’ont pas échappé à ce mouvement favorisé par la proximité du Béarn massivement acquis aux idées nouvelles : on note des conversions à Dax, et surtout à Mont-de-Marsan et dans le diocèse d’Aire où quelques exactions iconoclastes se produisent assez tôt ; à l’abbaye du Mas d’Aire, cinq religieux sur dix passent à la Réforme. Pourtant, le pays reste dans ce domaine une « zone de basse pression » : le nombre de communautés huguenotes organisées ne semble pas avoir dépassé la dizaine.

Si les Landais restent ainsi globalement attachés au catholicisme, ils ne vont pas pouvoir s’opposer aux troupes organisées qui, sous les ordres de Montgomery, se déchaînent en 1569 dans le Tursan, la Chalosse, le Marsan et le Gabardan. En dépit de la gravité du constat, Le Procès-verbal envoyé au roi Charles ix en 1572 ne rend qu’incomplètement compte des conséquences de ce raid : aux incendies, pillages, massacres, il faut ajouter la désorganisation des institutions, la précarité de la vie des communautés religieuses ou paroissiales, l’appauvrissement général de la population.

Pourtant, tous les témoignages montrent qu’après ces événements, la pratique religieuse n’a pas faibli : Landais des campagnes et des villes restent presque unanimement fidèles à la pratique dominicale et au respect du devoir pascal, les confréries se multiplient, des pèlerinages locaux - ceux de Buglose et de Maylis surtout - connaissent une grande faveur. Mais d’autres manifestations ont d’une orthodoxie plus douteuse : la dévotion aux fontaines miraculeuses et aux saints guérisseurs glissent vers la superstition et la résurgence de cultes païens, avec des pratiques aux frontières de la magie ou de la sorcellerie. On constate vers 1670 une résurgence de la chasse aux sorciers.

 

L’organisation de l’église d’Ancien Régime

Le diocèse d’Aire avec 218 paroisses, celui de Dax avec 243 débordaient largement hors des Landes, vers l’est pour le premier, vers le sud, jusqu’aux Pyrénées pour le second ; en retranchant les paroisses aujourd’hui rattachées à d’autres départements, et en ajoutant celles qui proviennent des anciens diocèses de Bazas, de Bordeaux, d’Auch et de Lescar, on arrive à un total d’environ 430 paroisses pour le territoire actuel du département. Ces paroisses, groupées en archiprêtrés, étaient d’importance très inégale. Leurs biens et leurs revenus étaient gérés par la fabrique, un conseil de chrétiens, sous l’autorité du curé. Ce dernier, avec lequel les fidèles entretenaient des rapports assez divers, était le plus souvent nommé par l’évêque, plus rarement par d’autres autorités ecclésiastiques ou laïques. Dès sa nomination, il disposait des ressources de son bénéfice, et en particulier de la dîme et de diverses impositions en nature.

À la tête des diocèses, les évêques nommés après la crise sont très différents de leurs prédécesseurs du xvie, résidant souvent au loin et peu attachés à leur rôle de pasteur. Bien que ces nouveaux prélats, majoritairement d’origine noble, aient parfois dû leur nomination à la faveur de quelque puissant ou même au népotisme, et qu’ils aient continué à pratiquer le cumul de plusieurs bénéfices, ils se signalent à la fois par leur qualité intellectuelle et par leur volonté de promouvoir la réforme de l’église entreprise selon l’esprit du Concile de Trente. Pour remplir cette mission, ils assurent un contrôle de la vie des paroisses par des visites pastorales régulières, et une formation permanente du clergé par l’institution de conférences ecclésiastiques. En revanche, il faudra attendre le xviiie siècle pour que des séminaires puissent pleinement assurer la formation des aspirants au sacerdoce.

Après l’ébranlement de la Réforme, les maisons religieuses ont repris vie : vers 1767, on compte 87 religieux répartis dans dix monastères dans le diocèse d’Aire, 63 pour neuf monastères dans celui de Dax, soit un total de 150 appartenant à neuf ordres. Quelque deux cents religieuses appartenaient aux seules congrégations des Clarisses et des Ursulines. Dans la plupart de ces maisons, une certaine discipline a été rétablie, soit par l’action d’un supérieur, soit par l’introduction d’une réforme : ce fut le cas pour les abbayes de Saint-Sever et de Sorde, soumises respectivement en 1638 et 1665 à la réforme mauriste, qui mit fin à la division des revenus liée au régime de la commende.

À la même époque, de nouvelles congrégations vinrent également s’installer dans les Landes, en particulier les Barnabites, au collège de Dax, et surtout, à Buglose, les Lazaristes, fondés par le landais Vincent de Paul.

 


Sommaire

ACCUEIL 

 

    à l’aube de l’histoire
   L’époque antique
   Le Haut Moyen Âge
   Le Moyen Âge. xie-xiie siècles

   Le Moyen Âge. xiiie-xve siècles
   Les Landes, de la Révolution française à nos jours

 

Date de dernière mise à jour : 11/04/11